Le Parisien, mardi 29 avril 2003
 Manif à Montreuil, grogne à Stains

     A MONTREUIL, 200 personnes, selon Droit au logement (DAL), et 100 selon la police, ont manifesté à l'appel du comité de soutien des Roms expulsés de la rue Paul-Doumer, hier devant la mairie, afin de demander une solution de relogement pour une centaine de personnes aujourd'hui hébergées par des militants. « La mairie a refusé de nous aider », déclare Edwige Le Net à sa sortie de la mairie. A Stains, des habitants du quartier Victor-Renelle et Michel Beaumale, maire (PCF) de Stains, sont reçus ce matin par Raymond Le Deun, sous-préfet de l'arrondissement de Saint-Denis. Ils réclament l'intervention de la préfecture, pour évacuer la friche industrielle, occupée par une cinquantaine de familles Roms. Si certains habitants demandent une solution humaine de relogement pour ces Tziganes roumains, d'autres exigent seulement leur expulsion du terrain appartenant à la Sidec, une société d'ingénierie et de développement économique chargée d'aménagement par le conseil général.

J.C. et V.D.

Les Roms de Saint-Denis préfèrent fuir leur camp

SAINT DENIS, HIER 11 HEURES. Après le départ des familles de Tziganes roumains , effrayés par les rumeurs d'expulsion imminente, les engins de la mairie tentaient de monter un mur pour empêcher l'accès au site.   (LP/JULIEN CONSTANT.)

    «ON NOUS CHASSE de partout. Je n'en peux plus. » Comme la totalité des familles de Tziganes roumains qui occupaient le bidonville de la rue de l'Industrie à Saint-Denis, Ionel, 50 ans, a décidé de mettre la clef sous la porte hier matin avant l'intervention de la police annoncée comme imminente. Depuis le mois de mai dernier, 250 Roms vivaient dans des baraques construites avec des matériaux de fortune et dans des caravanes vétustes posées au milieu de tas d'ordures. Tous ont quitté les lieux hier, quelques heures avant qu'un incendie criminel détruise leurs baraques (lire ci-dessous) . Trois communautés distinctes y cohabitaient sans vraiment se mélanger. La première est arrivée de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) après l'évacuation de ce camp qui comptait un millier d'âmes ; la deuxième est arrivée de L'Ile-Saint-Denis où elle squattait une ancienne cartonnerie jusqu'au 6 mars dernier, et la troisième a débarqué du camp expulsé le 27 mars de la rue de la Briche. L'arrivée de ces derniers avait déclenché la colère des riverains qui avaient bloqué une artère de la ville pour réclamer leur départ. Une action renouvelée le 18 avril dernier. Dans la nuit de samedi à dimanche, apeurée par les rumeurs d'expulsion, la majorité des Roms avait déjà levé le camp. Hier vers 11 heures, des engins de chantier de la mairie, épaulés par les forces de l'ordre, ont commencé à monter un mur pour empêcher toute nouvelle intrusion dans le terrain. « Officiellement, il s'agit d'éviter les dépôts sauvages d'ordures », précise un ouvrier.
    « Nous avons trouvé refuge sur un parking » Une vingtaine de Tziganes, encore sur place, sortent du camp et restent à proximité sans protester. « Avec ma famille, nous avons trouvé refuge sur un parking avec cinq caravanes. Les autres se sont aussi éparpillés un peu partout ailleurs », ajoute Ionel. Un autre groupe, de 18 caravanes et 60 personnes, s'est installé à L'Ile-Saint-Denis, sur un terrain vague appartenant au conseil général. Ces familles avaient déjà vécu là il y a quelques semaines. « La semaine dernière, la police est venue tous les jours nous dire de partir. J'ai des enfants malades. Je ne comprends pas pourquoi on nous expulse de partout », poursuit Yohan Neagu, 50 ans. Originaires de la région de Bucarest, ces Roms n'ont plus rien dans leur pays. « Pour venir ici, nous avons vendu nos maisons en pensant qu'en France nous ne serions pas persécutés. Aujourd'hui, j'ai l'impression de revenir à la case départ », se lamente le patriarche de ce groupe. Les riverains attirés par ce déploiement de forces assistent heureux au départ de ces hôtes qu'ils considèrent comme indésirables. « Depuis qu'ils sont là, il y a eu de nombreux vols dans les voitures et les maisons. L'un d'eux est un mafieux, il louait des caravanes pourries à 20 € par semaine à ses compatriotes. Leur départ nous soulage », assure un voisin du camp soulagé. De son côté, la préfecture souligne que les Tziganes n'ont pas été expulsés. « Nous avons signifié à ces familles que nous allions les mettre dehors par la force, mais la date du 28 avril n'a jamais été arrêtée », souligne le directeur de cabinet du préfet. La mairie de Saint-Denis va tenter de bloquer tous les accès au site pour éviter toute nouvelle installation dans les quelques baraques qui tiennent encore debout.

Julien Constant

Un incendie criminel détruit toutes les baraques

SAINT DENIS, HIER 15 H 30. Les pompiers ont permis d'éviter la propagation de l'incendie dévastateur au voisinage direct de l'ancien camp rom.   (LP/JULIEN CONSTANT.)

    TOUT AURAIT pu en rester là mais, hier, une main criminelle a incendié une baraque de ce bidonville de Saint-Denis. Vers 15 heures, une épaisse fumée noire s'élève au-dessus du quartier Pleyel. Le feu se déclare dans une baraque. Quatre camions de pompiers et des équipages de police arrivent sur place. Pas une seule de ces constructions improbables n'a pas pu résister aux flammes. L'origine du sinistre est pour l'instant encore indéterminée. « Un vigile a vu un homme s'introduire dans le camp juste avant que l'incendie éclate », avance une riveraine. Le feu a été éteint à 16 heures. Le commissariat de police enquête.

J.C.