Le Parisien, vendredi 25 avril 2003 
Argenteuil - La mairie nettoie le camp de Roms à la pelleteuse
 
    NEUF HEURES, HIER MATIN, les pelleteuses entrent en action en bord de Seine, au pied du viaduc de Gennevilliers. La mairie d'Argenteuil a décidé d'entreprendre une opération de nettoyage sur ses terrains où se sont installés les Roms depuis quatre ans. Le plan des parcelles du quai Saint-Denis en main, les conducteurs d'engin se préparent à reprendre leur travail. « Ce matin, nous avons rempli un semi-remorque de déchets, confie l'un d'eux. On devrait en faire au moins trois dans la journée. » Mais une pelleteuse est tombée en panne, un flexible ayant cédé, ralentissant l'intervention. Le temps de réparer, vers 14 heures, les deux engins se sont de nouveau mis en route vers le campement des Roms. Dans le périmètre appartenant à la ville d'Argenteuil, l'engin ne fait pas dans la dentelle : tout est évacué, la caravane qui ne pouvait plus bouger est dépecée peu à peu.

    Un autre face-à-face devant le tribunal Pendant ce temps, les Roumains restés sur le site du quai de Seine déplacent aussi vite que possible les caravanes pour les pousser au-delà de la limite fatidique, sur les terrains propriétés de la société Trapil ou des autres propriétaires du secteur. Une patrouille de la police municipale se présente pour éviter tout débordement. « Nous n'avons mis personne dehors. Nous attendons tranquillement que la justice rende son jugement, indiquait-on hier en mairie d'Argenteuil. Le juge a pris sa décision qui a été notifiée aux Roumains. Beaucoup ont alors décidé de quitter le camp. Entre-temps, le parquet a contesté l'ordonnance. Nous avons, pour notre part, décidé de mettre la zone hors d'état d'être à nouveau occupée. » Dans la matinée, le face-à-face de la mairie avec les Roms se déroulait dans un cadre plus feutré, celui du tribunal de grande instance ( TGI ) de Pontoise. L'ordonnance du TGI permettant l'expulsion des Roumains a été contestée par le procureur de Pontoise qui a introduit un référé. Pour le parquet, la voie choisie de l'ordonnance sur requête de la mairie, qui n'est pas contradictoire, ne peut être retenue dans le cas présent. La ville aurait dû assigner les Roms en référé, nominativement. Me Redon, pour la mairie, a pour sa part soutenu l'urgence de la situation, liée en particulier à la présence de vannes de pipeline de la société Trapil. « On risque un incident grave si une vanne explose... » Le président a mis sa décision en délibéré à cet après-midi, 15 heures. Mais sur place, il ne restait plus qu'une quinzaine de personnes présentes sur le site. Une cinquantaine de Roms, sans doute les familles ne disposant pas de papiers, s'étaient évanouis dans la nature la veille au soir.

 Frédéric Naizot